En ce temps de deuxième confinement, il y a une question qui affole : pourquoi les librairies sont-elles encore fermées ? Et une autre interrogation en découle : vont-elles survivre à la pandémie ?
Car si les consommateurs se tournent spontanément vers le commerce en ligne, notamment vers le tout-puissant Amazon, j’ai envie de leur rappeler qu’ils ont toutes les cartes en main et qu’ils peuvent un tant soit peu orienter la suite du jeu.
D’un côté nous avons la monstrueuse firme de Jeff Bezos. Ne nous mentons pas, pour l’acheteur, c’est simple, rapide, efficace. Et a priori on y trouve ce que l’on veut. Je dis bien a priori mais j’y reviendrai plus tard. Le problème n’est pas l’efficacité d’Amazon mais plutôt comment cette efficacité est possible, et à quel prix.
Tout d’abord, Amazon est le roi de l’éva… de l’optimisation fiscale. Une multinationale qui génère des milliards de bénéfices réussit à ne payer que quelques dizaines de millions d’impôts, c’est un tour de passe-passe qui permet de réinjecter les deniers « économisés » dans la machine. Quand on se demande pourquoi il n’y a pas d’argent pour les hôpitaux, peut-être devrions-nous voir dans le juste paiement des impôts un début de solution.
Pour toujours plus de productivité, les employés sont souvent soumis à de rudes conditions. Et ce, même quand le virus se propage. Pour le deuxième trimestre 2020, Amazon a réalisé un bénéfice record, surfant sur le confinement conjugué à la fermeture sanitaire générale. Le covid, maladie pour les uns, bénédiction pour les autres.
N’oublions pas non plus que l’implantation d’Amazon en France, entre autres à travers ses entrepôts, détruit non seulement le commerce local mais parfois même l’environnement, impactant une écologie déjà bien mal en point.
En face de ce géant tentaculaire, nous avons les libraires. La France est un pays qui aime glorifier sa culture, et pourtant ses pourvoyeurs de littérature sont gravement en danger. Une fermeture sanitaire, c’est pour n’importe quel commerce un manque à gagner énorme. Mais lorsque ce manque à gagner est couplé à une concurrence éminemment déloyale, la situation devient très critique. Et pourtant, nous avons besoin du livre et des professionnels qui gravitent autour !
Une librairie, c’est un commerce local, parfois spécialisé, parfois général. Il est rare de voir une ville aussi petite soit-elle sans sa librairie. À défaut de proposer un choix immédiat comme prétend le faire Amazon, une librairie saura vous orienter selon vos envies, et pourra même attirer votre attention vers des œuvres que vous ne connaissez pas du tout. Et je rebondis sur mon a priori rédigé plus haut : oui, Amazon propose quasiment tout, mais attention, il ne donne de la visibilité qu’à tout le contenu mainstream, alimentant un processus boule de neige qui condamnera les « petits » aux tréfonds du référencement.
Il est parfois difficile de se faire un avis sur une œuvre sans l’avoir lue, alors, sur une boutique en ligne, on lit les commentaires. Cela peut hélas se révéler troublant car si certaines critiques sont construites, d’autres sont parfois exagérément négatives ou positives (émises par intérêt ou copinage ou manque de discernement etc.), quand certaines sont carrément rédigées par des robots ! Le libraire, professionnel, doté d’une grande culture littéraire, saura mettre sa subjectivité de côté pour mieux vous conseiller.
Maintenant vous allez me dire, « OK Sylvain, on a compris, tu n’aimes pas Amazon, vive les librairies bla-bla-bla, mais si elles sont fermées, on fait comment ? ». Rassurez-vous, j’ai quelques solutions à vous proposer.
Voici Recyclivre, premier vendeur en France de livres d’occasion, animé par une conscience éco citoyenne qui fait du bien par les temps qui courent : Recyclivre
Nous avons aussi un gigantesque regroupement de librairies indépendantes qui continuent de fonctionner malgré le confinement tout en s’adaptant aux conditions sanitaires : Librairies Indés
Et dans la même veine, Livres Hebdo a établi une carte des librairies qui proposent le « click & collect » : Carte
Vous avez donc le choix.
Soit vous optez pour le geste paresseux en vous tournant vers Amazon, et vous faites fi de toute considération humaine, citoyenne et écologique.
Soit vous essayez de nouvelles alternatives, vous êtes solidaires, vous tenez à une culture variée et personnalisée, quitte à faire l’effort incroyable de marcher un peu jusqu’à sa librairie (ça vous fera prendre l’air, c’est du gagnant-gagnant !).
Allez, bon courage à tous pour ce nouveau confinement !