Mon premier salon du livre : quand le ciel me tombe sur la tête

Samedi 4 mai, c’était le salon du livre de Beauvais. Et en l’occurrence, c’était mon premier salon du livre, alors vous imaginez bien que j’avais beaucoup d’attente !

Évidemment, rien ne s’est passé comme prévu. Pire que ça, ce fut une catastrophe…

J’arrive à 10h place Jeanne Hachette, et en sortant de la voiture avec l’ami qui m’a conduit ici, je constate avec effroi que j’avais omis un détail extrêmement important : le salon se tient en extérieur. En effet, les stands figurent sous des tonnelles qui sont disposées en trois rangées le long de la place. Il fait 5°, le ciel est gris, des averses sont prévues. Autant vous dire que j’étais à deux doigts de rebrousser chemin. Mais bon, je ne voulais pas rater l’occasion d’une bonne expérience, alors je suis resté.

Georges (mon éditeur pour les confessions infirmes) m’accueille avec le sourire et je m’installe à la table, une pile de confessions d’un côté, une pile de Sil’Dra de l’autre. Je suis prêt à accueillir les curieux et les passants.
Hélas, de curieux il y aura peu. En même temps je comprends très bien pourquoi : figurez-vous un samedi matin, avec un temps dégueulasse, un froid digne de février, personnellement je sortirais par un orteil de la couette. Du coup, les gens qui passent sont simplement des habitués de la place, qui viennent bien plus pour leurs petites courses personnelles dans les boutiques alentours que pour le salon du livre. Difficile donc d’accrocher les gens, mais je ne désespère pas !

Peu à peu, le temps semble s’arranger, et le flot de passants s’intensifie. Les échanges commencent enfin, les présentations, les questions et les réponses, et parfois même il y a une vente à la clé.

À côté de moi, une auteure auto éditée chez Amazon. Elle a ramené les six tomes de sa saga littéraire du genre romance, et je ne peux m’empêcher de trouver les couvertures terriblement classiques (des silhouettes sur une plage avec des titres un brin niaiseux, mais bon, il en faut pour tous les goûts). Si de mon côté je n’ai apporté que de simples présentoirs, elle a déployé une énorme banderole représentant la couverture du premier tome de sa série.

Apparemment, cette personne a quelques fans. Mais rapidement, en épiant un peu la conversation (il faut bien meubler les absences de passage sur mon stand…), je comprends que ces admiratrices ne sont ni plus ni moins que ses semblables, elles-mêmes également auteures auto éditées chez Amazon dans le genre romance. Et ce seront là les seules clientes qu’elle aura. Je viens d’assister en chair et en os au premier spectacle d’auto cannibalisme littéraire : ces écrivaines s’achètent entre elles leurs livres, et heureusement, car personne d’autre ne semble le faire.

Je souris un peu intérieurement, c’est pas beau mais c’est comme ça. Ça me rassure un peu que ces bouquins (attention, je ne parle pas du genre littéraire qu’est la romance, qui, comme tout genre, à son public et ses grands ouvrages), qui ne sont pour moi que les résultantes tristes et répétées d’une certaine consanguinité littéraire tellement chaque histoire paraît le clone d’une précédente, ne se vendent pas.

On dirait que les cieux ont entendu mes pensées qui sont loin d’être sympas. Vers midi, la pluie se met à tomber, faisant fuir les badauds. Le déluge commence.

Déjà que je commençais à me sentir vraiment geler, je me mets maintenant à craindre les gouttes portées par le vent. Et ce n’est pas le pire.

Malgré quelques accalmies, le zéphyr gronde de plus belle à partir de 13h. Plus les minutes filent, plus les bourrasques s’amplifient, et les tonnelles commencent à trembler.

Tandis que des organisateurs courageux essayent de stimuler les passants depuis une estrade, les interpellations enthousiastes laissent soudainement place à des cris apeurés : un souffle céleste prodigieux soulève quelques barnums qui n’étaient même pas fixés et les projette littéralement sur les rares personnes qui se laissaient motiver auparavant par les discours.

Tout s’enchaîne, le vent tourne et disperse sur notre stand à Georges et moi plusieurs salves de grosses gouttes glaciales qui menacent de tout bonnement détruire les livres que nous présentons. Un peu d’eau sur les couvertures, passons, mais ce qui s’apparente de plus en plus à un arroseur automatique, sûrement pas !

Tandis que nous essayons de tendre une bâche sur le stand en espérant que tout ça se calme, de l’autre côté de la place, d’autres tentes se décrochent et s’en vont glisser sur deux ou trois dizaines de mètres, agrippant avec elles les pauvres auteurs et éditeurs qui se trouvaient en dessous. Les étalages de livres s’écroulent, et la panique s’empare de la place.

Il est maintenant 14h, le salon est censé finir à 17, mais Georges et moi, d’un commun accord, décidons d’abandonner avant que tous nos bouquins ne prennent la flotte. Je remballe mes exemplaires dans mon sac, tandis que Georges ramène sa fourgonnette pour rentrer les palettes de livres qu’il avait ramenées.
Les pompiers arrivent enfin, mais à ce moment-là, j’ai déjà trouvé refuge dans un café pour me réchauffer et m’abriter. Je suis bien sûr déçu, voir même furieux contre la météo, mais qu’y puis-je ?

En revanche, je suis vraiment en colère contre les organisateurs. Pourquoi n’ont-ils pas pensé à un plan B ? En face de la place, il y a la mairie, et une grande salle qui aurait pu accueillir tout le monde. C’est de l’amateurisme pur et simple.

Bilan : j’ai chopé un bon gros rhume, et même si j’ai vendu une quinzaine de bouquins, je reste dégoûté par le déroulement de la journée.

La prochaine fois, je fais ça en intérieur !

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